Frank : Bonjour Vincent, on va peut-être commencer par te présenter ?
Vincent Voyer : Donc moi je suis Vincent Voyer, sur Twitter j'étais zeroload maintenant je suis vvoyer, je suis développeur JavaScript. Pendant un moment j'ai fait expert performance web, j'ai travaillé chez Fasterize dont j'étais cofondateur, j'ai travaillé chez Mappy, j'ai fait du conseil en développement freelance pour lemonde.fr, France Télévision… Aujourd’hui je suis chez Algolia où je suis toujours développeur JavaScript. Je travaille principalement sur des bibliothèques open source qui permettent d’intégrer Algolia sur tous les sites web.
J'aime le basket, j'essaie d’inviter des co-workers toutes les semaines, c'est cool, ce soir on y va, on est trois plus le reste de l’équipe. J'ai 32 ans, une femme et un enfant. Voilà.
Frank : T'as l’air de bien t'éclater, qu'est-ce qui te plaît chez Algolia ?
Vincent Voyer : J'ai une petite anecdote à ce sujet. Quand j'étais développeur freelance, je suis allé à DotJS, il y avait un stand Algolia, je suis simplement passé devant. Après il y avait une conférence d’un gars qui s'appelle Substack, James Halliday, un gros développeur JavaScript de la communauté npm, qui disait que la recherche sur le site de npm n'était pas super, quand on met deux mots ça fait un ET et pas un OU, il n'y a pas de tolérance aux fautes de frappe, c'est pas super.
Je repasse devant le stand Algolia et là il y avait une énergie, il y avait Alexandre Colin, qui était Solution Engineer à cette époque-là, qui présentait Algolia. Ils me disent qu'ils recrutent. Je me dis je pourrais faire un petit test avec Algolia pour faire un moteur de recherche de paquets npm.
Du coup j'ai fait ça, en fin d’année 2014, un petit test de recherche de paquets npm : j'ai pris 300 000 paquets npm, j’ai créé un index de recherche Algolia avec. J'ai commencé à faire les premières requêtes, ça prenait 4 millisecondes.
J'étais capable de faire une recherche dans un champ de recherche, d’exécuter une requête, élaborée à l’aide du framework Express et d’obtenir des résultats en temps réel en 4ms en incluant le temps de latence réseau, etc. 4ms, 10ms, je me suis dit : wouah c'est quand même incroyable !
Voilà, ma première rencontre avec Algolia c'était ça. Et très vite après j'ai été en contact avec eux, car je voulais refaire leur client JavaScript, qui ne me plaisait pas en tant que développeur JavaScript…
Frank : Comment définirais-tu l’activité d’Algolia ?
Vincent Voyer : Algolia c'est un moteur de recherche en Saas (Software as a Service), en gros c'est une API qui permet de créer un index de recherche pour son propre site web. Par exemple si vous avez un site web e-commerce avec 100 000 produits. Pour faire votre moteur de recherche : soit vous le faites vous-même, ou vous prenez ElasticSearch, etc. Du coup, vous devez gérer l’infrastructure, etc. Soit vous optez pour une solution Saas comme Algolia, qui vous permet de mettre tous vos produits dans un index de recherche et qui vous expose une API pour ajouter ou modifier des produits mais aussi pour chercher vos produits.
Aujourd’hui les gros clients d’Algolia dont on peut parler c'est Stripe, Strava, 8tracks, CrunchBase, Periscope, Twitch, etc. Donc c'est des gros noms, ça marche plutôt bien. Algolia existe depuis cinq ans maintenant.
Frank : Pourquoi est-ce que le moteur de recherche d’Algolia est aussi rapide aujourd’hui ?
Vincent Voyer : C’est parce qu'au début c'était un SDK pour développeurs d’applications mobiles, pour les aider à mettre un champ de recherche dans leur application mobile sur les données des utilisateurs. Et comme il fallait que ce SDK tourne sur tous les types de mobiles, que ça soit un vieux smartphone Nokia ou le dernier iPhone, du coup tout le code était optimisé pour que ce soit vraiment rapide à tout moment, donc optimisé à la milliseconde près.
Ce produit-là n'a pas fonctionné et quand ils ont fait Ycombinator, un incubateur de startups aux États-Unis, ils leur ont dit : "C’est pas ça qu'il faut faire en fait, c'est une API Web". Ils ont fait ça et ça a fonctionné et aujourd’hui c'est notre principal produit, l’API et le moteur de recherche d’Algolia.
Frank : Google ne s'est jamais trop positionné sur les moteurs de recherche internes, d’ailleurs ils ont annoncé arrêter leur produit Google Site Search. Votre positionnement c'est de vous cantonner à la recherche sur site ?
Vincent Voyer : Oui c'est ça. Généralement votre site de e-commerce, il a une base de données avec des produits structurés. Beaucoup de gens passent par Google pour rechercher des produits. Ils vont chercher par exemple "FNAC + iPhone" sur Google. Le truc c'est qu'ils vont arriver sur le site de la FNAC et si ça se trouve, ils vont vouloir faire une nouvelle recherche. Donc là sur le site de la FNAC il y a un champ recherche et ce champ de recherche là il faut qu'il soit beau. Ce que propose Google c'est une recherche dans l’Internet au global, mais ils ne proposent pas d’implémenter un bon moteur de recherche pour son site web. En fait ils le proposaient, ça s'appelait Google Site Search, ils proposaient aux éditeurs de site web de mettre un champ de recherche avec des pages de résultats dédiées au site en cours, c'est pas les résultats dans le monde. Mais c'est pas suffisant.
Nous ce qu'on a voulu proposer c'est qu'on sait qu'un site de e-commerce il a une base de données avec des objets structurés et on s'est rendu compte que pour fournir une bonne expérience de recherche, avec de la tolérance à la faute de frappe, avec du filtrage par type d’objet, il fallait pouvoir connaître la structure d’un objet. Il faut savoir qu'une page produit, elle a une catégorie, pour pouvoir proposer aux gens de filtrer sur cette catégorie-là. Du coup Google aujourd’hui il ne sait pas faire ça, il essaie de déterminer en fonction de ses algorithmes ce dont parle une page, mais dans les résultats Google on va pas pouvoir dire : "je veux tous les iPhone", on va pouvoir l’exprimer avec une requête, mais s'il le faut, cette requête elle va nous renvoyer des iPhone, des coques d’iPhone, des livres sur l’iPhone, etc. Nous ce qu'on propose c'est des objets structurés qui permettent ensuite aux développeurs de site web de créer des menus, des sliders pour filtrer, etc.
Frank : La recherche à facettes ça existe déjà sur les sites de e-commerce, même s'il est vrai que l’expérience de recherche n'est pas toujours géniale. Je me rappelle que quand j'ai découvert Algolia pour Magento, j'étais content de voir arriver un nouvel acteur qui décide de proposer une expérience de recherche au top
Vincent Voyer : Les gens s'attendent aujourd’hui à avoir la meilleure expérience de recherche, qui est celle de Google. Et Google ils ont fait un truc qui s'appelle Instant Search, qui affiche des propositions au fur et à mesure qu'on tape notre requête. Donc déjà tous les moteurs de recherche ont dû se baser sur ça et proposer le Search as you Type. C’est super important car ça permet à la personne de ne pas avoir à taper "iPhone" puis de taper sur la touche Entrée, se rendre compte qu'elle veut changer, revenir en arrière, etc. Là c'est au fur et à mesure, c'est naturel. Ça, ça vient aussi du fait que ça a été développé sur mobile à la base, car c'est encore plus compliqué de faire des workflows de navigation sur mobile, du coup sur mobile il faut que ce soit le plus simple possible. L'autre paramètre qui a été pris en compte c'est la tolérance aux fautes de frappe.
Toutes ces choses-là, il y a des moteurs de recherche qui les font, mais chez Algolia on s'est rendu compte qu'il n'y en avait aucun qui remplissait tous les critères : une bonne performance, la gestion des fautes de frappe, du faceting avancé et des résultats personnalisés, à savoir la capacité à dire : j'ai une liste d’iPhone, mais je veux en faire remonter certains dans les résultats. Par exemple sur la requête "iPhone" je vais vouloir favoriser certains résultats. Par exemple je ne veux pas que ce soit les coques d’iPhone qui apparaissent en premier, je veux que ce soit les iPhone. Nous on a par exemple un custom ranking qui fait que ce sont les produits les plus consultés qui vont remonter de façon naturelle. Au fur et à mesure que les gens vont sur la page iPhone, on va mettre l’index de recherche à jour et l’affichage des résultats va être naturel par rapport à ce que les gens demandent.
Algolia propose donc toutes ces fonctionnalités, performance, typo tolérance, faceting et recherche avancés, que ne proposent pas forcément les autres moteurs de recherche.
Frank : OK, revenons un peu au statique. Vous êtes présents sur beaucoup de sites de documentation ou de recherche de paquets comme yarn. Ces sites sont générés à l’aide de différents outils. Comment avez-vous implémenté tout ça ?
Vincent Voyer : La stratégie d’Algolia c'est d’avoir une super bonne
Developer Experience et d’essayer de capter un maximum de développeurs sur
notre plate-forme forcément, pour que tout le monde soit au courant qu'on est un
super moteur de recherche. Sachant que nous-mêmes nous sommes développeurs, et
que nos outils c'est npm
, c'est yarn
, ça va être Hacker News, les différents
frameworks PHP comme Laravel ou Symfony, React pour le monde JavaScript. Tout ça
ce sont nos outils de tous les jours.
Et on a fait un jour le constat que sur tous ces sites-là, c'est souvent difficile de trouver l’information qu'on cherche. Donc on a fait un projet qui s'appelle DocSearch, qui est en gros un crawler de documentation pour les développeurs. DocSearch fournit aujourd’hui de la recherche pour les développeurs sur plus de 300 sites web. Donc quand vous cherchez sur le site web de React, de Flow, de Symfony, de Laravel, en fait c'est Algolia qui est derrière. On l’affiche, c'est pour ça qu'on rend ce service gratuitement, c'est parce que derrière ça va faire parler de nous et ça nous permet à nous en interne d’être plus efficaces.
En faisant cela, nous avons pollinisé d’autres communautés et plein d’autres sites ce sont dit : "Hé, je veux la même recherche, c'est super !"
Donc on a construit au fur et à mesure ces différents projets.
Frank: Comment ça fonctionne ?
Vincent Voyer : DocSearch c'est un crawler de site web avec des configurations par site. Pour chaque site on va dire : le nom d’une méthode dans l’API, c'est dans cette balise HTML, etc. Ça ressemble un petit peu à ce que fait Google, mais là c'est fait de façon contrôlée, c'est pas un algorithme générique, on cible exactement ce à quoi on veut que ressemble la documentation.
Donc on a fait ça, c'était un des premiers gros trucs pour la communauté des développeurs, et à côté de ça on a aussi tout ce qui est outillage qu'on fournit aux développeurs qui utilisent Algolia.
Ce dont on a envie c'est qu'à aucun moment ils se disent "Algolia ça a l’air d’être un super moteur de recherche, mais c'est juste une API, y’a rien derrière, du coup je suis obligé de tout construire. Si j'utilise Symfony, il va falloir que je développe mon propre connecteur Symfony-Algolia, si j'utilise Jekyll pareil, si j'utilise React il va falloir que je fasse mes propres composants qui vont faire la liaison entre des composants React et la recherche sur Algolia."
Du coup c'est ce qu'on a fait au fur et à mesure, pour tous les langages de programmation les plus utilisés. On a 14 clients d’API je crois (JavaScript, Ruby, Python, Go, etc.).
Ce qui permet à chaque développeur de ne pas avoir à implémenter son propre client d’API qui se base sur notre API. On les a vraiment créés pour eux. La plupart des boîtes s'arrêtent à trois et ils se disent pour les autres "c'est la communauté qui les fera à un certain moment". Ça marche ou ça ne marche pas, la qualité est là ou pas. Nous on les a faits pour tout le monde, tout est open source donc les gens participent.
Et après on est allé encore plus loin, car les clients d’API c'est assez bas niveau, sachant que sur un site web ce que je veux c'est une page de recherche avec un champ recherche, avec une navigation, un slider sur le prix, etc.
Donc on a créé des bibliothèques plus haut niveau qui permettent d’exprimer ça pour le développeur. Il est capable à l’aide de widgets de dire "là je mets un champ de recherche, là je mets un sélecteur sur les genres de films, là je mets un slider sur l’année de sortie du film", ce genre de choses.
Tout ça il peut l’exprimer à l’aide d’InstantSearch, qui est un projet qui englobe des sous-projets. InstantSearch c'est un ensemble de bibliothèques haut-niveau pour implémenter de la recherche avec Algolia.
Frank: C’est complémentaire avec DocSearch dont tu parlais tout à l’heure ?
Vincent Voyer : Non, ce sont deux produits différents, on a plein de produits qu'on essaie de regrouper au fur et à mesure. InstantSearch c'est vraiment pour les clients d’Algolia généralement qui vont vouloir implémenter de la recherche sur leur application React ou VueJS par exemple, de façon plus simple que de devoir faire des appels à l’API d’Algolia qui est très puissante, certes, mais elle est puissante parce qu'elle est modulaire, donc nous on cache un peu cette modularité pour répondre à la plupart des cas d’utilisation qu'ont les gens, tout en laissant la porte ouverte pour des trucs un petit peu plus avancés qui seront faits avec des paramètres différents.
InstantSearch c'est disponible pour du Vanilla JavaScript, C’est-à-dire sans framework, pour React, pour VueJS bientôt, pour iOS, etc.
Pour React c'est intéressant, on est capable de construire notre recherche complète, web et application native, et même bientôt server-side rendering avec une seule bibliothèque, sans avoir à mettre beaucoup de code entre les différents éléments de connexion. Pour l’utilisateur c'est super simplifié.
Frank: Ça inclut React Native ?
Vincent Voyer : Oui, même si on n'a pas encore des widgets tout faits pour React Native, on ne les a que pour le web, par contre on est capable de facilement abstraire la création d’un menu de genre de films par exemple, si c'est un site de recherche de films.
Tout ça pour en venir où ? Tu parlais des générateurs de site statique. Tous ces sites-là, InstantSearch pour React, InstantSearch Vanilla, InstantSearch VueJS, etc. ils ont des sites dédiés et ces sites-là on essaie de les faire du mieux possible, donc y’a une documentation complète, des guides, des tutoriels, un petit peu comme le site de documentation de React ou de Laravel, c'est vraiment un site complet où la personne va pouvoir y passer du temps et progresser au fur et à mesure dans sa connaissance du produit.
Ces sites-là au fil du temps on les a fait évoluer. On est parti de Jekyll, parce que le site d’Algolia c'est une appli Ruby on Rails, du coup il y avait déjà des connaissances en Ruby. Au bout d’un moment, on est arrivé aux limites de Jekyll et beaucoup de nos développeurs JavaScript voulaient travailler avec un outil en JavaScript. On a aussi essayé Middleman. Donc on a des sites en Jekyll, en Middleman, aujourd’hui on utilise MetalSmith, qui est un générateur assez bas niveau, très modulaire, qui nous a permis de créer différents petits modules pour sites statiques, par exemple extraire automatiquement depuis le code la JSDoc, des pages descriptives. Pour chaque widget InstantSearch par exemple c'est le cas : on prend la JSDoc avec des exemples, on transforme tout ça en une page Markdown et HTML qui décrit le widget. Idem pour d’autres parties de l’API, idem pour les guides.
Donc aujourd’hui on utilise MetalSmith, et ça nous va bien, le seul truc c'est
qu'on a pas encore fait un module qui abstrait tous les sites web, parce qu'en
fait chaque site web est peu du copier-coller aujourd’hui, donc on aimerait bien
faire un truc qui nous permette de partager plus de code entre les différents
sites web. Ça nous plait bien parce qu'à chaque fois qu'on a un besoin pour
l’écrire c'est assez simple. Le flow de MetalSmith, il prend un répertoire
source
et ensuite il applique des middleware qui font transformer les fichiers
de ce répertoire source
, donc on peut faire vraiment ce qu'on veut à partir du
moment où on sait écrire du JavaScript, c'est assez cool.
Frank : Aujourd’hui dans l’écosystème JS, beaucoup utilisent Hexo comme générateur, on voit aussi apparaître des générateurs qui embarquent React comme Gatsby ou Phenomic. Du coup on pourrait imaginer pouvoir avoir des composants Algolia. Vous seriez intéressés par des solutions aussi packagées ?
Vincent Voyer : Nous on fait des sites super custom où on modifie vraiment beaucoup la source, on n'a pas pris ces solutions là, on a peut-être loupé quelque chose, mais avec MetalSmith on est bien aujourd’hui. Mais les gens poussent pour essayer d’autres choses, donc on essaiera peut-être autre chose. À partir du moment où l’outil nous facilite la vie. Il y a clairement des choses avec MetalSmith qui sont difficiles à faire, par exemple faire du bon live-reload, c'est à nous de le faire. Ce qui est possible aussi c'est qu'avec notre expérience avec MetalSmith, on se fasse nous-mêmes notre propre générateur de site statique pour Algolia.
Frank : Dans le monde des sites statiques, on a beaucoup parlé de la refonte de Smashing Magazine dernièrement dont la recherche a été développée avec Algolia, ça marche très bien. Le site est généré avec Hugo, un générateur écrit en Go, or, il n'y a pas de plugin natif Algolia pour Hugo, même si vous fournissez un client pour votre API en Go
Vincent Voyer : Oui, on a des gens spécialisés en Go ici. En fait c'est vraiment en fonction des besoins, certaines personnes vont parfois venir sur notre GitHub pour nous dire "j'aimerais bien avoir un client d’API pour Rust", et là on va se dire OK on va le faire. On fait vraiment comme ça, Après parfois on propose, mais seulement si nous en avons l’utilité en interne, parce que sinon on ne saura pas si le plugin est vraiment bien fait vu qu'on l’utilisera pas.
Le plugin Jekyll on l’a fait parce qu'on l’utilisait, le premier site InstantSearchJS, on utilisait le plugin algoliasearch-jekyll pour transférer les données de Jekyll vers Algolia. Après on a fait DocSearch, car tous ces sites web-là, comme ils ont plein de générateurs de site statique différents, nous on propose un niveau d’abstraction supplémentaire et on crawle à partir du HTML. Ce qui fonctionne aussi très bien et nous permet de ne pas avoir à faire de plugins pour chaque générateur. Maintenant s'il y a quelqu'un qui veut un plugin Hugo ou Phenomic, du coup il faudra venir nous en parler et on pourra faire.
Frank : Pour info Hugo et Gatsby sont les deux générateurs qui ont la cote en ce moment, ce sont deux projets très actifs
Vincent Voyer : OK, je me le note.
Frank : Algolia a levé 53 millions de dollars récemment, vous recrutez pas mal de gens, c'est quoi les prochaines priorités pour vous ?
Vincent Voyer : Notre ambition est d’être un acteur principal du monde de la recherche, aujourd’hui il y a ElasticSearch qui est aussi un énorme acteur. Et le scope d’Algolia n'est pas terminé. Beaucoup de clients nous challengent sur des choses qu'Algolia ne sait pas encore faire. Tous nos clients e-commerce veulent généralement avoir un contrôle plus précis sur la gestion des résultats, des promotions, etc.
Aujourd’hui on n'a pas vraiment beaucoup d’outils pour faire ça, Algolia c'est vraiment un outil orienté pour les développeurs, donc c'est quelque chose sur lequel on travaille à fond, le fait de répondre encore plus finement aux besoins des sites e-commerce et aux gens qui veulent faire du business sur les sites de e-commerce, qui veulent avoir des outils de contrôle des résultats de recherche.
Donc on fait des évolutions sur les APIs pour permettre aux développeurs de construire des outils plus orientés business et e-commerce.
Sur tout ce qui est bibliothèque, InstantSearch c'est vraiment notre sous-produit phare de création d’interface de recherche, on en fait une vraie marque. Le mot InstantSearch regroupe plein de sous-projets et ces projets on les fait évoluer et on en créé des nouveaux.
Je t'ai parlé de VueJS, parce que c'est un framework qui est vraiment beaucoup utilisé, on va avoir potentiellement Angular s'il y a un énorme besoin Angular. Toujours dans l’optique de dire qu'il faut que l’expérience de développement soit la meilleure.
Sur une roadmap plus précise des évolutions d’Algolia, c'est assez compliqué, je suis pas forcément le plus à même de t'en parler. Moi je travaille beaucoup sur InstantSearch par exemple, mais oui le moteur de recherche d’Algolia évolue énormément et va continuer d’évoluer énormément en fonction des besoins de nos clients qui nous challengent beaucoup dessus.
On travaille aussi beaucoup sur les datasets. Aujourd’hui Algolia sait bien répondre à des jeux de plusieurs millions de données, qu'est-ce qui se passe quand on arrive à des centaines de millions ou à des milliards de données ? Ça c'est un gros challenge pour la plupart des moteurs de recherche et les bases de données donc on est en train de travailler sur ça. C’est important pour pouvoir passer de 100 millions d’objets — ce qui est déjà énorme — à 800 millions ou 1 milliard.
Frank : Toujours sur des données structurées ? Si j'ai des données non structurées, est-ce qu'Algolia peut faire quelque chose ?
Vincent Voyer : On travaille sur des outils qui vous nous permettre d’aller chercher des clients qui n'ont pas forcément des données structurées, mais dans tous les cas, ce qu'on fait c'est que ces outils-là vont permettre de transformer ce qui n'est pas structuré en données structurées. Ça peut être un outillage en PHP pour pouvoir extraire, depuis une page HTML ou un article de blog sous WordPress par exemple, de la donnée structurée pour la faire rentrer dans le moteur d’Algolia, donc scinder en paragraphes, en titres, etc. Donc ça ce sont des choses qu'on fait parce qu'effectivement, tout le monde n'a pas forcément une base de données structurée et pourtant ils ont quand même besoin d’un bon moteur de recherche. Mais au final on est convaincu qu'on n'ira pas vers ce que fait Google où on a des mots-clés en surbrillance dans les pages au complet. On essaiera de toujours extraire de la donnée structurée d’un site web, car il y a toujours de la structure. Un article de blog, une page qui liste des fonctionnalités, tout ça a une structure, c'est simplement qu'il faut la trouver.
Frank : Et pour les données enfermées dans des tableurs, des fichiers PDF ?
Vincent Voyer : Même chose, ce sont des outils qui vont être capables d’aller chercher de la donnée et de l’indexer pour Algolia.
Dans les sujets qui nous intéressent, il y a aussi la recherche vocale. Moi-même je fais beaucoup de choses avec Siri sur mon téléphone, j'envoie des textos, je lance des recherches, etc. Et ça c'est quelque chose qu'on va devoir supporter, prévoir des fonctionnalités qui permettront aux gens de faire des recherches avec la voix.
On a des projets qui tournent avec Alexa (la voix d’Amazon Echo). On peut développer des skillsets qui vont permettre de dire à un client dans son application Alexa de faire une recherche sur son site plus facilement. Nous, notre responsabilité là-dedans, ça va être de se connecter de la bonne façon dans le moteur Alexa, définir comment on va scinder la phrase de l’utilisateur et comment ça, ça va être appliqué à la recherche.
Frank : Merci Vincent, merci pour toutes ces informations sur Algolia. C’est vraiment un chouette produit qui on l’a compris permet de fournir une recherche vraiment pertinente pour l’utilisateur. Pour en savoir plus rendez-vous sur Algolia.com.